Lettre Hebdo des marchés semaine 15 : Le chaos ou la frénésie ?

Cross Asset : Droits de douane, tensions et volatilité

À la place de Trump, je relèverais les droits de douane, j’attendrais que le marché plonge, j’achèterais des actions à prix cassé, j’annulerais tout… et je recommencerais 90 jours plus tard !

La semaine a été marquée par une secousse violente sur les marchés, dans un contexte de guerre commerciale ravivée et d’une volatilité comparable à celle des grandes crises (mars 2020, octobre 2008). L’attention est focalisée sur les questions tarifaires, dans un climat d’annonces contradictoires et d’incertitudes maximales quant à leur portée et leur impact. Les marchés actions ont connu des séances extrêmes, entre rumeurs, démentis et pauses tarifaires partielles : le Nasdaq a gagné +12% avant de replonger brutalement. La volatilité a culminé à 60%, signe d’une nervosité extrême. Les actifs risqués restent sous pression, les spreads de crédit s’élargissent (le High Yield US atteint 450 pb) et le pétrole chute de 15%. Les matières premières industrielles reculent nettement sur fond de craintes de récession mondiale. Seul l’or tire son épingle du jeu : d’abord pénalisé par des besoins de liquidité immédiats, il retrouve son rôle de valeur refuge face à la montée des risques géopolitiques et financiers. À suivre cette semaine : décision de la BCE (baisse de 25 pb attendue), inflation en zone euro, indice ZEW, ventes au détail et production industrielle aux États-Unis. Une semaine sous haute tension, où chaque annonce peut faire basculer l’équilibre fragile.

 

Change : Le dollar, nouvelle victime !

Pas d’inquiétude : les chars russes ne pourront pas entrer dans nos villes… ils n’ont pas la vignette Crit’Air 2 !

Le dollar poursuit son repli généralisé, affecté par le report des droits de douane et la perte de crédibilité des décideurs américains. La faiblesse du billet vert semble davantage liée à une crise de confiance qu’aux fondamentaux économiques. Dans ce contexte, le yen s’apprécie nettement, porté par la demande pour les valeurs refuges, tout comme le franc suisse. L’euro profite de la situation malgré l’absence d’annonces majeures en zone euro, aidé par le différentiel de politique monétaire avec les États-Unis. La livre sterling monte également, les anticipations de baisse de taux par la BoE étant déjà intégrées. En Chine, le yuan reste sous pression avec un taux offshore proche de records historiques, la banque centrale tentant d’enrayer la dépréciation via un ajustement prudent du fixing. Les devises liées aux matières premières (AUD, NOK) souffrent du ralentissement global, tandis que les monnaies émergentes restent fragiles malgré le repli du dollar, en raison des incertitudes persistantes.

 

Taux : La défiance envers la dette américaine

"Je promets la reconstruction du centre de tri du 17e d’ici 5 ans" — Emmanuel M.

Le marché obligataire américain a réagi de manière spectaculaire, avec une pentification massive de la courbe : le 30 ans a bondi de +72 pb en trois séances, tandis que le 10 ans termine la semaine à 4,42% (+44 pb). Contrairement aux épisodes classiques de stress, aucun mouvement de "flight-to-quality" vers les obligation US (Treasuries) n’a été observé. La Fed reste en retrait, tandis que la défiance envers la dette américaine s’amplifie, comme en témoignent la hausse des taux réels, la chute des swap spreads et la dépréciation du dollar. En zone euro, les taux restent stables : le Bund clôture à 2,60%, le spread BTP-Bund s’élargit à 124 pb. Le marché européen renforce son rôle de diversification, les obligations souveraines européennes faisant preuve d’une résilience notable dans ce contexte tendu, profitant d’une réallocation structurelle des portefeuilles mondiaux au détriment des Treasuries.

Bonne semaine à tous !